Les vignobles de Savoie méritent d’être redécouverts!

décembre 2014

Décembre 2014: YO VINO en Savoie

 

Les vins de Savoie ont longtemps été cantonnés à l’accompagnement de la fondue dans les stations de ski, pour les blancs et à l »ingrédient de base des rouges limés de comptoir pour les rouges.

Si vous gardez cette vision des vins savoyards, il est temps de faire une petite mise à jour!

Il est vrai que ce petit vignoble qui grimpe à l’assaut des pentes n’est pas exposé médiatiquement et que la plupart des guides le présentent quasiment toujours dans un bref chapitre commun avec les vins du Jura, par ailleurs très intéressants mais avec lesquels ils n’ont absolument aucun point commun!

Entre la Savoie et la Haute-Savoie le vignoble compte une quinzaine d’AOC, qui produisent des vins très différents et typés à base de cépages essentiellement locaux. Si les Chasselas de Crépy, ou les Roussette Altesse ou encore les Gamay et Pinot de Chautagne proposent de très beaux vins, nous nous sommes surtout attardés dans les vignobles de la Combe de Savoie, Apremont, Chignin et Arbin.

Le vignoble des Abymes, qui comprend l’appellation plus spécifique Apremont, a colonisé les collines d’éboulis calcaires formées par l’éboulement du Mont Granier en 1248. Le cépage original unique Jacquère donne dans ces pentes un blanc très sec et léger, à l’acidité rafraichissante et aux arômes distinctifs de silex.Il faut avoir gouté un Apremont dans la cave en terre battue des Masson, père et fils pour apprécier ce que peut donner ce cépage longtemps déconsidéré: magnifique de vivacité et de pureté!

En face, de l’autre coté de la Combe de Savoie, s’étend le vignoble de Chignin, Montmélian et Francin sur les pentes calcaires de La Savoyarde orientées plein sud. Ce vignoble donne d’intéressants blancs de Jacquère, quoique moins vifs que les Apremont. Mais le véritable seigneur des lieux est le Bergeron, nom localement donné à la Roussanne, cépage blanc des Hermitage, qui donne ici un vin puissant aux arômes complexes d’abricot, de mangue, de fleur d’acacia, tout en gardant une belle fraicheur.  Il y a plus d’une vingtaine d’années, un vigneron de Francin, Robert Girard-Reydet a expérimenté une cuvée de vendanges tardives avec son Bergeron et a fait école depuis. Essayez, si vous la trouvez sa cuvée d’exception, aux arômes de fruits confits et fruits exotiques…sublime! Un vin qui a sa place parmi les meilleurs blancs français. On est loin du vin à fondue!

En contournant légèrement La Savoyarde vers l’Est, on arrive dans le vignoble d’Arbin, terre de prédilection de la Mondeuse, autre cépage strictement local, et certainement très ancien. Certains l’apparentent à la Syrah ou en font le descendant du vitis allobrogica déjà célébré par Pline l’Ancien. Ce cépage qui n’a longtemps donné que des petits vins de comptoir maigres, a connu depuis 30 ans une véritable renaissance sous l’impulsion de quelques vignerons visionnaires et acharnés, dont le pionnier et le pape fut sans doute Charles Trosset. Sa Mondeuse Prestige des Arpents, produite ensuite par ses fils qui lui ont succédé, et désormais quasi introuvable, est un véritable chef d’oeuvre. Une robe violine, un bouquet incomparable de violettes, de poivre, de cuir. Un corps léger et nerveux. Un vin superbe à nul autre pareil. D’autres très bons vignerons ont emboité le pas et font désormais honneur à ce cépage passionnant parce que si particulier. Citons notamment Magnin, Quenard, Genoux, Vullien, Grisard parmi les très bons producteurs. Un signe infaillible du renouveau de ces vins: les vignes grimpent d’année en année plus haut sur les pentes de La Savoyarde.